lundi 9 février 2009, publié par
Sur Klemperer, Canet, le 09 02 2009
Victor Klemperer a écrit son journal quotidien, dont une partie, de 1933 à 1941, a été publiée sous le nom de Mes soldats de papier, sur des petits bouts de papier. Il est des livres comme celui-là dont le mode de production est essentiel. J’en connais un autre, Le scaphandre et le papillon de Jean-Dominique Bauby, dont il faut lire chaque lettre, puisqu’on sait qu’il a dicté ce texte avec sa seule paupière. Ces deux livres forcent l’admiration.
Klemperer est né en 1881 à Dresde et il y est mort en 1960. Il a donc passé toute sa vie dans cette ville, ce qui, en soi, est une épopée car était juif. Professeur de littérature française, en 1933 il a été destitué de sa chaire, est devenu manœuvre, contraint de travailler en usine, dans les conditions qu’on imagine, mais il a survécu. Étant « demi-juif » (!) pour avoir épousé, par hasard, une « aryenne », il avait le droit de survivre dans la « maison des Juifs ». En 1945, sa déportation est décidée, le jour du bombardement de Dresde et ses 100 000 morts. N’épiloguons pas sur ce massacre. Les services de répression sont désorganisés, Klemperer s’enfuit dans la forêt, et parvient à retrouver ses petits bouts de papier. Arrive l’Armée Rouge. Et Klemperer va vivre le reste de sa vie sous la férule de Staline et consorts. Après avoir été un homme du commun jusqu’à Hitler, puis sous-homme sous Hitler, il se retrouve héros sous Staline, ce qui impliquait pour lui un certain nombre de devoirs, comme faire des conférences un peu partout. C’est ce qui justifie le commentaire de ces trois pages, qui vous donneront à la fois le style de Klemperer, et ce qu’il tente de noter : l’évolution et l’empoisonnement, en quelque sorte, de la langue allemande par les mots du IIIe Reich, une novlangue qu’il nommera LTI , Lingua Tertii Imperii, ce troisième empire qui devait durer mille ans. Voici le texte et ses commentaires.
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